Développement des voies vertes: « Territoires »​ et élus gagnent à tous les coups (coûts) !

Les voies vertes et le vélotourisme : un effet de mode ou durable ?

Investir dans l’aménagement d’une emprise et d’un ruban de quelques mètres de largeur sur plusieurs kilomètres, avec un revêtement plus ou moins roulant, sur une voie en site propre sécurisé et protégé de la circulation motorisée est-il devenu « tendance » ? C’est ce que pourrait laisser croire le développement rapide des voies vertes et autres pistes cyclables dans le monde rural ou péri-urbain. Force est de constater que de plus en plus de territoire et d’élus sont moteurs pour le développement de ces infrastructures support de déplacement doux.

Depuis 2 ans, le COVID est passé par là ! Le changement climatique est désormais perçu comme une réalité par le grand public ! Le développement du Vélo à Assistance Électrique est exponentiel ! Le contexte évolue très vite, … et renforce encore les enjeux du développement du « vélotaf » ou du  « vélotourisme ! »

Alors pourquoi ? Un simple effet de mode ? Une prise de conscience de la nécessité de repenser les mobilités ? Au-delà de la mobilisation de décideurs convaincus et militants, d’autres élus pragmatiques ont identifié les nombreuses vertus que pouvait amener la création de tels itinéraires.

Un usage universel

Le principal avantage renvoie à un usage universel de ces équipements : la voie verte est un espace public structurant qui concerne tout le monde : les habitants, les touristes, toutes les générations (des tout petits au anciens), tous les modes de pratiques (à pied, à vélo, en roller, en fauteuil, …) On y va en famille pour être ensemble, apprendre le vélo ou se balader, entre amis pour une sortie, un moyen de découverte du territoire et de son patrimoine, en se déplaçant sur quelques centaines de mètres ou plusieurs dizaines de km, … Tous les usages sont permis ! Et le plus souvent un vrai sentiment de satisfaction est au rendez-vous.

Plusieurs prismes, mais un consensus

Pour les élus initiateurs, c’est tout bénéfice car au final on peut aborder les voies vertes par différents prismes on arrive au consensus :

Si on considère sous l’angle de la mobilité, c’est une alternative proposée par la collectivité qui privilégie les modes doux, respectueux de l’environnement dont les coûts pour irriguer le territoire sont sans commune mesure avec d’autres dispositifs comme les navettes et autres transports collectifs.

Si on considère sous l’angle des citoyens du territoire, il s’agit d’un espace public, support d’échanges et surtout un vrai marqueur de la qualité de vie sur le territoire

Si on le considère sous l’angle touristique, on y trouve également de nombreux bénéfices à la fois en terme d’image, d’attractivité et de retombées économiques.

Certaines zones touristiques en ont fait leur marque de fabrique, qui participe activement de l’imaginaire projeté (Landes, Ile de Ré, …)

Dans les zones touristiques majeures et souvent denses, les voies vertes constituent une vraie bouffée d’oxygène, la possibilité d’utiliser des moyens de circulation alternatifs à la voiture, un mode de déplacement doux, qui participent à la satisfaction de tous et de plus en plus activement au sentiment de réussite d’un séjour touristique.

Pour les zones dont la notoriété est plus modérée, les voies vertes constituent un très bon levier d’attractivité, pour donner une réelle envie de venir séjourner et découvrir la destination.

Enfin lorsque les voies vertes sont associées par tronçons aux véloroutes et constituent un grand itinéraire, les clientèles itinérantes nationales et internationales sont au rendez-vous. Elles sont de plus en plus nombreuses, fonctionnent en autonomie ou utilisent les services de voyagistes spécialisés. Leur pouvoir d’achat est important et dopent les retombées économiques pour le territoire.

A ne pas s’y tromper les bénéfices associés aux voies vertes sont donc potentiellement environnementaux, économiques et sociaux. Qui dit mieux ?

Et si trop de voies vertes diluait les bénéfices ?

La multiplication des projets de voies vertes ne va-t-elle pas diluer les retombées positives y compris dans le champ de l’attractivité et de l’économie touristique ? Nous serions prêts à parier le contraire. Comme au siècle dernier, les collectivités ont massivement investi dans les piscines municipales et l’accès à l’eau, au 21ème siècle les modes de déplacements doux seront vraisemblablement des axes à privilégier par les acteurs publics portés par l’évolution des comportements. La multiplication des offres va vraisemblablement doper le nombre des utilisateurs. Pour autant, la communication va prendre une place de plus en plus importante dans la valorisation de ces infrastructures publiques, pour se différencier, valoriser les éléments spécifiques de son territoire. Au-delà de la pratique vélo, le « sens », la singularité des sites, des services, des « à côtés » donnés aux utilisateurs/clients, l’attractivité construite, révélée des parcours, seront des clefs d’optimisation de la fréquentation de chacune de ses voies vertes et véloroutes.

La société est parcourue aujourd’hui par de profonds changements sociétaux et les « voies vertes » représentent aujourd’hui une forme de synthèse de ces mouvements et des aspirations dans l’espace public : l’itinérance, le slowtourisme, la quête de sens et de découverte, l’expérience partagée, la préservation du bilan carbone, …

La voie verte est aujourd’hui incontestablement le marqueur de la qualité de vie (touristique) sur un territoire et un emblème de citoyenneté responsable face aux changements climatiques.

Penser l’investissement dans sa globalité : et la communication alors ?

Investir dans une voie verte présente un coût qui n’est pas neutre (plusieurs centaines de milliers ou plusieurs millions d’Euros) mais les bénéfices associés sont autant économiques, qu’environnementaux et plus encore sociaux et citoyens.

Pour autant, il y a un écueil qu’il faut éviter. Les décideurs savent investir de 100 à 200 000 € du km linéaire, … sans aller beaucoup plus loin. L’aspect valorisation / promotion / communication passe souvent au second plan … voire à la trappe. Or pour être performant il faut aussi agir de façon récurrente sur ces aspects qui relève plus du fonctionnement mais qui sont souvent moins bien maîtrisés par les élus ou qui sont sous traités en bout de course auprès des Offices de Tourisme.

C’est assurément le prochain challenge des territoires que de penser globalement : tirer le meilleur parti de ces équipements qui vont se multiplier en ayant une véritable stratégie de communication. Et quelque soit les territoires, plus ou moins attractifs et touristiques, il n’y aura pas de fatalité. Ceux qui s’en donneront l’ambition, même avec des moyens limités (au regard des investissements préalables) en sortiront « grands gagnants ».